Barrières. Obstacles. Inégalités. Des mots familiers trop souvent associés aux questions liées à la santé sexuelle et reproductive des femmes. La
Journée internationale des droits de la femme offre l’occasion de rappeler que les nombreux problèmes d'inégalité et de discrimination envers les femmes. Bien que nous soyons en 2023, nous sommes toujours à la traîne en matière de droits des femmes. Ceci est vrai en ce qui concerne l'éducation, l'emploi et, bien sûr, l'accès de base aux services de santé. En ce qui concerne l'accès aux soins liés à l'avortement, le paysage a certainement changé de manière significative au cours des dernières années, en Amérique du Nord.
La décision de la Cour suprême des États-Unis d'annuler le jugement Roe v Wade a remis l'avortement en avant-scène et, comme prévu, les conséquences de cette décision sont dévastatrices. Les femmes américaines ont non seulement perdu leur
droit de choisir et leur liberté de choix, mais elles ont également perdu un accès crucial à des soins d'avortement sécuritaires et légaux.
Dans l'année qui a suivi cet décision,
deux fois plus de cliniques d'avortement ont fermé leurs portes aux États-Unis. En outre,
l'interdiction potentielle de la mifépristone, un médicament populaire pour l'avortement, pourrait nuire davantage aux femmes qui cherchent à se faire soigner, ou pire encore mettre leur vie en danger si elles ont recours aux soins de praticiens de l'avortement dorénavant considérés comme étant illégaux.
Au Canada, l'avortement n'est pas illégal mais l'accès à ces services est limité pour diverses raisons. Il s'agit souvent d'une question de
géographie, les régions éloignées n'ayant pratiquement aucun accès aux services d'avortement. Les patientes doivent souvent parcourir de nombreux kilomètres pour se rendre dans une clinique d'avortement. C'est le cas dans les provinces atlantiques. Le récent accord sur le financement des soins de santé a mis en lumière l'état de la situation au
Nouveau-Brunswick, par exemple.
Le
Dr Yuyang Wang*, membre de la SOGC et obstétricien à l'hôpital général de Brockville, nous a parlé de l'accès à l'avortement dans les provinces de l'Atlantique:
« Plusieurs région du Canada atlantique sont mal desservies. Les patients doivent encore conduire de nombreuses heures pour avoir accès à des services qui sont censés être garantis par la Loi canadienne sur la santé. Il est inéquitable que ce soit le cas, et c'est injuste pour une population qui est déjà mal desservie et confrontée à de nombreux obstacles aux soins. »
Les femmes peuvent chercher à interrompre une grossesse pour diverses raisons, qu'il s'agisse d'un problème de santé physique ou pour une raison personnelle. Mais les directives varient considérablement d'une province à l'autre. Certaines régions pratiquent l'avortement chirurgical après 12 semaines de grossesse, d'autres non.
Seulement 4 provinces* offrent la possibilité d'un avortement chirurgical à 20 semaines : l'Alberta, la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Québec. Si une femme décide de mettre fin à sa grossesse après 24 semaines, elle doit se rendre dans une autre province ou un autre pays pour obtenir une intervention médicale, ce qui entraîne un coût financier important.
La SOGC sonne l’alarme au sujet du manque d'accès aux avortements chirurgicaux au Canada, et ça, depuis de nombreuses années et continuera de le faire tant que ce problème persiste.
En 2019, nous avons publié une
déclaration qui réclame un meilleur accès et de meilleures alternatives pour les grossesses non désirées :
« La grossesse et l’interruption de grossesse sont des décisions complexes qu’il ne faut pas prendre à la légère. L’avortement est une option nécessaire; la seule question qui se pose est à savoir si elle sera accessible et sécuritaire ou réservée aux personnes qui en ont les moyens. L’objectif est de veiller à ce que toutes les Canadiennes obtiennent le même accès à des fournisseurs de soins de santé bien formés et disposés à offrir un choix d’interruption chirurgicale ou médicamenteuse, dans un réseau de soins sécuritaire, près de chez elle. »
L'accès aux services d'avortement est crucial, mais l'éducation et l’accessibilité des ressources pour la contraception sont également importantes. En effet, les chercheurs ont conclu que pas
moins de 61% des femmes canadiennes ont eu au moins une grossesse non planifiée au cours de leur vie. L'accès à une contraception gratuite et efficace réduirait considérablement le taux d'avortement au Canada.
Une petite victoire importante !
La
Colombie-Britannique a fait un premier pas vers la gratuité de la contraception pour les femmes, qui couvrirait les pilules hormonales orales, les injections contraceptives, les dispositifs intra-utérins hormonaux et en cuivre, pour n'en citer que quelques-uns.
Notre Directrice générale,
Dre. Diane Francoeur a partagé ses impressions quant au nouveau financement obtenu :
« Habituellement, les femmes assument seules le coût total des contraceptifs. C'est une énorme victoire pour les femmes de la Colombie-Britannique. »
Chaque petite victoire compte, mais de plus grandes victoires doivent être remportées. Nous ne pouvons plus nous permettre de laisser les femmes en plan lorsqu'il s'agit de leurs droits reproductifs. Autonomiser les femmes signifie leur accorder une valeur égale dans la société, leur donner des soins appropriés et leur offrir un environnement sécuritaire pour recevoir ces soins.
À propos du Dr Yuyang Wang
Le Dr Wang est originaire de London, en Ontario, et a fait ses études de médecine à l'Université de Western Ontario avant de faire sa résidence en obstétrique et en gynécologie à l'Université Dalhousie (Halifax). Les domaines d'expertise du Dr Wang comprennent la contraception, la gestion des menstruations et de la ménopause, la gynécologie pédiatrique et adolescente, les fibromes utérins et les masses pelviennes, ainsi que la santé des transgenres. Il a également occupé le poste de collaborateur CARE (Contraception Advice, Research, and Education) à l'université Queen's.
* Veuillez noter que certains liens ne sont disponibles qu'en anglais.
(Photo : Dr Yuyang Wang)